C’est la nouvelle année, l’heure des bonnes résolutions, et
dans les miennes il y a : entretenir mon blog et mon jardin. Hum.
Et pour commencer cette année 2016, je vous propose de
feuilleter le plus beau livre de botanique du monde (ou en tous cas pas loin) :
les Grandes Heures d’Anne de Bretagne.
Tout d’abord, un peu d’histoire…
En 1503, Anne de Bretagne est non seulement Duchesse de
Bretagne, mais aussi Reine de France. Pour la deuxième fois, parce que son
premier époux Charles VIII n’avait pas compris qu’il fallait se baisser quand
on passe des portes un peu basses…du coup, Anne qui n’avait pas trop mal
négocié son contrat de mariage épouse en secondes noces Louis XII qui, lui,
durera un peu plus longtemps. Donc, quand on est une Reine, épouse du Roi très
chrétien, on doit avoir tout le petit matériel nécessaire à l’exercice de sa
piété. Et la base, en ce début de XVIe siècle, c’est le livre d’heures. Un
livre qui regroupe toutes les prières à dire à chaque heure de la journée, et
de chaque mois. Généralement, un bon livre d’heure bien chiadé comprend :
les heures de la Vierge (psaumes, hymnes et cantiques), des psaumes
pénitentiels, l’office des morts, et souvent un calendrier pour pouvoir s’y
retrouver et des prières et suppliques bonus
à l’attention de certains Saints (au choix). Un truc follement marrant,
quoi (en latin en plus).
À cette époque, Anne possède déjà un Très Petit Livre d’Heures
(6,6 x 4,6 cm) et un Petit Livre d’Heures (17 x 12 cm). Mais bon, elle s’use
les yeux dessus (on ne rajeunit pas) et elle aimerait bien un truc qui claque
un peu plus… Elle passe donc commande au peintre Jean Bourdichon d’un Livre
d’Heures enluminé.
(les dialogues sont tout à fait authentiques) |
Bourdichon n’est pas un perdreau de l’année. Depuis 1481, il
est « peintre et valet de chambre du Roi » et réalise tout un tas de
trucs pour sa majesté : décors éphémères, tableaux pieux, vitraux,
monnaies et médailles…et il fait plein de livres enluminés pour ces
messieurs-dames de la cour. Mais là, il réalise son chef-d’œuvre qui lui sera
grassement payé 600 écus d'or (pour consulter la facture c’est par là).
Le livre est plutôt épais (476 pages), mais pas très grand (30,5 x 20cm)
contrairement à son nom…dedans, le Jeannot va représenter du péquenot en slip
et des scènes un peu trash (cliquez) , mais surtout, plus de 330 plantes dans
les marges du manuscrit…
Contrairement aux
enluminures du siècle précédent où les plantes sont souvent représentées comme
des éléments de décoration plus ou moins réalistes disséminés sur les marges,
les plantes des Grandes Heures d’Anne de Bretagne sont représentées de façon
naturaliste, disposées sur un fond doré, comme sur les pages d’un herbier. Elles
sont accompagnées de leur nom « populaire » et de leur nom
« latin » de l’époque. Elles sont également parsemées d’insectes et
de petits animaux.
Chacune de ces enluminures est une petite merveille de
précision et de délicatesse, le tout peint avec un pinceau à trois poils…
On y trouve aussi bien des plantes sauvages, celles des
talus et des champs, que des plantes cultivées, au potager ou au jardin
d’ornement.
Je tenterais donc de vous faire découvrir et partager mon
amour pour ces peintures au travers d’une série d’articles reprenant chacune
des plantes du manuscrit. Attention, hein, je ne vais pas écrire 330 articles différents sinon
je serais gâteuse avant d’avoir fini…disons que je vais faire des
« groupes » de plantes : par thématique, par genre, etc.
Et vous saurez tout, tout, tout sur l’album de notre
Duchesse….
Et pour le fil Facebook du
blog, c’est par là.
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